OEUVRES CHOISIES

Du 13/10/2023 au 01/12/2023

C’est un grand honneur pour moi de vous donner la primeur de notre plus belle sélection d’œuvres en ce mois d’octobre 2023. L’éclectisme est certainement notre marque de fabrique, et je suis heureux de vous proposer aujourd’hui un ensemble de vingt sculptures animalières et figuratives des XIXe et XXe siècles. Le romantisme est représenté par la statuaire d’Antoine-Louis Barye (1795-1875) dont nous présentons deux bronzes dont Thésée combattant le Minotaure (première version) (1843), provenant d’un célèbre marchand d’art lyonnais du milieu du XIXe et d’une exceptionnelle qualité de fonte. L’engouement de ce siècle pour l’exotisme, est représenté ici par un bronze atypique de Christophe Fratin (1801-1864) Éléphant, promenade en palanquin (circa 1850) ; un modèle ambitieux qui peut être considéré à juste titre comme l’un de ses chefs d’œuvre. Il nous donne à rêver des fastes de l’Inde des rois : ceux qui avaient l’honneur de siéger dans ces palanquins étaient les maharajas, chefs religieux, militaires et politiques, mais aussi protecteurs et mécènes des arts. Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875) quant à lui, est évoqué par Ève après la faute (1871), terre cuite d’édition à patine rosée, signée « JB CARPEAUX », datée 1872. Il n’en existe que neuf exemplaires répertoriés et l’empreinte est ici d’une formidable vigueur. D’Auguste Rodin (1840-1917), nous exposons un Masque de l'homme au nez cassé, version dite de type II, 2ème modèle, (1863-1864) dont le sculpteur disait « C’est la première bonne sculpture que j’ai faite [...] Je n’ai jamais réussi à faire une figure aussi bonne que le Nez cassé ». Notre version a été conçue vers 1903, cette épreuve en bronze fondue en novembre 1926. De son ami, Jules Desbois (1851-1935) une superbe Salomé, provenant de la collection Robert de Rothschild. Le sculpteur possède son propre musée à Parçay-les-pins, près d’Angers.

Abordons maintenant les animaliers du XXe siècle, parmi eux : Josette Hébert-Coëffin (1908-1974), honneur aux dames,  et ses charmants Canetons accoudés (circa 1955), Gustave Hierholtz (1877-1954) Éléphant arrachant une souche (circa 1940) et Georges Hilbert (1900-1982) avec son Chimpanzé, à l’expression familière et attachante, replié sur lui-même, semblant extrait d’un bloc de pierre. Il synthétise à lui seul les influences conjointes de Mateo Hernández et de François Pompon. Rembrandt Bugatti (1884-1916) quant à lui, nous fascine toujours par son exceptionnel talent ; il nous livre ici un Éléphant d’Asie en marche (petit modèle 1909-1910) dont son fondeur attitré Hébrard, a réalisé sous le contrôle d’ Albino Palazzolo, une fonte exceptionnelle doublée d’une remarquable patine brune chaudement nuancée. 

On ne saurait terminer cette liste non exhaustive, sans parler de ce sculpteur délicat et discret Manuel Martinez Hugué ditManolo (1872-1945) et sa Femme nue accroupie (1912). Sculpteur protégé d’Henri Kahnweiler, ce dernier l’a fait travailler sous contrat à partir de 1910. De la même période, Les fils de Caïn : le berger de Paul Landowski (1875-1961). Jeune, nu, il figure l’Humanité des premiers âges, les tribus nomades du désert, la marche éternelle des peuples sur le sable et sous le ciel. D’un pas rythmé, d’un pied allègre, il semble résolument se mettre en marche vers l’avenir. Tel est mon souhait pour cette seconde édition d’ Œuvres choisies, dans notre galerie du 1, quai Voltaire. 
Nicolas Bourriaud